Inondations meurtrières en Libye : le bilan s’alourdit à 11 300 morts
Le bilan continu de s’aggraver après la catastrophe qui a frappé la ville de l’Est de la Libye. Au moins 11 300 personnes sont mortes et 10 100 restent portées disparues dans la seule ville de Derna, à la suite des inondations sans précédent qui ont ravagé le pays il y a une semaine. Rapporte le bureau de coordination des Nations Unies (OCHA).
La tempête Daniel qui a frappé dans la nuit de dimanche 10 à lundi 11 septembre 2023 Derna, a entraîné la rupture de deux barrages en amont, provoquant une crue de l’ampleur d’un tsunami le long de l’oued qui traverse la cité, et a tout emporté sur son passage.
Des équipes de secours libyennes et étrangères annoncent retrouver des corps chaque jour, mais les recherches sont rendues difficiles par les tonnes de boue qui ont recouvert une partie de la ville. Les secouristes sont obligés de dégager la terre pour rechercher des corps.
Fissure des barrages
Sept jours après le passage d’une crue de l’ampleur d’un tsunami, les causes de la catastrophes s’éclaircissent un peu plus. Les deux barrages qui ont rompu provoquant des inondations meurtrières, présentaient des fissures découvertes dès 1998 qui n’ont jamais été réparées. A indiqué Euronews.
Sous la pression de pluies torrentielles, le premier barrage, d’une capacité de 22,5 millions de mètres cubes situé à 13 km de la ville, cède, libérant des flots d’eaux qui ont foudroyé le deuxième, d’une capacité de 1,5 million de mètres cubes, situé à seulement un kilomètre de la cité côtière.
Sa proximité fait qu’il existait très peu de chance que l’inondation se dissipe avant d’atteindre la ville. Derna a donc reçu la pleine force du torrent.
Les deux barrages avaient été construits dans les années 1970 par une entreprise yougoslave «pas pour collecter de l’eau mais pour protéger Derna des inondations,» selon le procureur général libyen al-Seddik al-Sour qui a annoncé avoir ouvert une enquête sur les circonstances du drame. La direction des barrages en Libye avait même déjà signalé des fissures sur les deux ouvrages. A-t-il ajouté.
En 2007, le régime de Kadhafi confie à une compagnie turque les travaux de réparation. Faute de paiement, la société n’entame les travaux qu’en octobre 2010, avant de les suspendre moins de cinq mois plus tard, dans la foulée de la révolution de 2011 qui a renversé le dictateur.
Depuis, un budget est alloué chaque année à la réparation des deux barrages, mais aucun des gouvernements successifs n’a entrepris les travaux, a révélé Euronews.
Avertissement
Dans une étude en novembre 2022, l’ingénieur et universitaire libyen Abdel-Wanis Ashour met en garde contre une « catastrophe » menaçant Derna, si les autorités ne procèdent pas à l’entretien des deux barrages. Malgré cet avertissement, aucuns travaux n’ont été menés.
Le patron de l’Organisation météorologique mondiale qui dépend de l’ONU, Petteri Taalas, a estimé que « la plupart des victimes auraient pu être évitées », pointant du doigt la désorganisation liée à l’instabilité politique dans le pays.